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La Kasbah des Oudayas à Rabat

Les Oudaïas Oudaias Oudayas Rabat Maroc

Il n'est pas de site à Rabat plus saisissant que celui de la Kasbah des Oudaïa avec sa monumentale porte Almohade. De là, le regard se perd les remparts crénelés, l'ancienne place du Souk el ghezel, le souk de la laine, où encore en 1920, deux fois par semaine les jeudis et les dimanches matin, les fileuses de la Kasbah et de la médina venaient vendre les produits de leur travail, les écheveaux de laine filée à la main. Au XVI, et XVII, siècles, les captifs chrétiens y étaient présentés aux acquéreurs éventuels. La vue s'éloigne ensuite vers la rue des Consuls. C'est là qu'habitaient presque tous les Européens jusqu'en 1911 (on y comptait dix-sept familles). On y trouvait les consulats de France et d'Angleterre, dont les rues portaient les noms. Surprenante blancheur des toits imbriqués ou en damier de la médina, nostalgie des pierres anciennes, de cette vie des secrètes demeures aux terrasses bariolées de linge qui sèche. Qui peut se lasser de cette charmante image de Rabat, malheureusement heurtée par les tours des grands immeubles de l'avenue Mohammed V, du marché aux fleurs et de l'Office des postes, sans oublier les antennes de télévision qui défigurent l'ancienne médina. La porte de la Kasbah des Oudaïa resta longtemps murée et servit de prison. Elle ne fut dégagée des plâtras qui masquaient ses frises, ses arabesques, ses caractères koufiques, qu'en 1916, par Maurice Tranchant de Lunel, qui la restaura. Elle commandait l'entrée de la Kasbah et donnait accès à l'ancien chemin de ronde. La Kasbah des Ouadaïa est bâtie sur l'emplacement d'un borj plus ancien, le Ksar des Benitargas, probablement d'origine romaine. Édifiée par les sultans almohades, Abdelmoumen (1150) et Yacoub El Mansour au XII, siècle, elle fut tour à tour Mehedya, en l'honneur du premier calife Ibn Toumert, puis Ribat El Fath, le camp de la victoire. A toutes les époques, la Kasbah sera le centre militaire et névralgique de Rabat, surtout après l'installation sur la rive gauche du Bou Regreg, des Andalous expulsés d'Espagne au XVI, et au XVII, siècle, lors de la Reconquista.

Elle fut souvent prise au cours des démêlés avec les sultanes ou dans les luttes avec Salé et elle subit de nombreuses fois le bombardement des escadres venues réprimer la piraterie. Sa situation, sur un éperon rocheux élevé par rapport au niveau de l'oued, qui de plus interdit les gros vaisseaux par sa barre dangereuse, la mettra à l'abri des destructions massives. C'est sous le règne de Moulay Abderrahmane que la Kasbah prit le nom de Kasbah des Oudaïa. Les Oudaïa, tribu guich depuis le sultan Moulay lsmaïl, venus du Sahara. se signalent par leurs excès à la mort de celui-ci en 1727, commettant vol, meurtres et pillages, causant ainsi l'insécurité des pistes.

En 1820, ils se livrent au pillage et au sic du Mellah de Fès. En 1832, Moulay Abderrahmane fait arrêter leur caïd.. ce qui les déchaîne et les pousse à étendre leur révolte à l'issue de laquelle ils deviennent les maîtres Lie Fès. Le Sultan après un siège les délogera et les expulsera, les rayant des cadres de l'armée.

En 1844, dispersés dans le royaume ils se regroupent et un contingent sous les ordres de leur caïd vient occuper la Kasbah à l'abandon. les Oudaïa reçoivent alors des terres de culture et pour leurs troupeaux, la Kasbah de Témara. lis ne créent pas de troubles en s'installant et sont employés à surveiller les tribus Zaërs, qui à la fin du XIX, siècle, font encore régner l'insécurité jusqu'aux remparts de la ville.

En 1913, cette population très clairsemée vivait misérablement sous des "noualas" en roseaux et dans quelques maisons en pisé autour de Djemaa El Atiqa, vieille mosquée bâtie par le sultan Abdel Moumen.

Le réveil de Rabat, la construction du port, l'expansion de la capitale, font affluer à la Kasbah une main d'oeuvre nouvelle. La ville reprend vie et devient à l'image d'aujourd'hui, pittoresque, attachante par le charme de ses petites venelles, parfois peintes à la chaux teintée de bleu, ses petites échoppes-épicerie ou la kesra est mise en évidence.

Rendons-nous maintenant au café maure, à l'ombre des grandes murailles de la Médersa ; on fait face à Salé qui, comme Aigues-Mortes, est désormais séparée du fleuve par une plage de sable de deux kilomètres, ceinturée par une muraille ocre percée par les portes de Bab Bouhaja, Bab Malka, avec, au premier plan, le cimetière marin et sa kouba des Msalla, (les prières). Plus loin, derrière les remparts, le marabout de Sidi Ben Acher.

De l'ancienne plate forme du sémaphore, où est situé le magasin de Moulay Yazid (1792) et qui sert de fabrique de tapis, le regard se porte sur les jetées et la barre où viennent se briser les vagues. En contrebas, la Sqala du sultan Mohammed Ben Abdellah (1796) construite par un renégat anglais.

Puis la plage de Rabat, délimitée par la jetée, avec à proximité le restaurant de la Plage et non loin le restaurant Borj Ed Dar dans l'ancien borj de Moulay Abderrahmane et le rempart maritime qui s'étire jusqu'au phare créé en 1919 sur le Borj Es Sirat construit au XVIII, par Moulay Abdallah. Sans oublier les marabouts de Sidi El Yabouri, Sidi Et Tourki ... Que de souvenirs s'attachent à ces pierres chargées de l'histoire attachante de cette ville.

A nos pieds au ras des flots, le borj circulaire avec ses embrasures pour canons pointés sur le fleuve.

Au coucher du soleil, face à ce décor fascinant, j'imagine l'arrivée des corsaires au retour d'une fructueuse expédition et les théories de captifs enchaînés qui seront emprisonnés dans les matamores. L'histoire est là, suintante... J'essaie d'imaginer les bruits, les, cris, les voiles qui claquent, et toute cette foule bigarrée et combien envoûtante.... Orient, fantasmes de l'Occident !